LA DEBROUILLE
(version spectacle).
de Claude Cognard.
1 femme 1 homme. Environ 1 heure 15/30 selon mise en scène.
Petit appartement – coin cuisine – salon – table basse- ordinateur portable - cafetière.
Un chômeur, en fin de droit, décide de se servir du système, estimant que le système ne l’aide pas. Il revient dans son ancienne bijouterie dont il connaît encore les procédures de sécurité et s’empare des stocks de pierres précieuses… Conscient que son vol pourra le conduire à la case prison que pour cinq ans maximum.
Merci à Vannick le Poulain qui m'a suggéré ce titre.
ACTE I.
Scène 1.
Pierre surgit, bras en V, à la manière d’un artiste sur une piste de cirque. Il est rasé, peigné, porte, un costume cravate, un bouquet de fleurs et un écrin.
Pierre. Ta ! Ta ! Ta ! Ta ! Les fleurs sont en plastique, ok !… Voilà, j’ignore si un jour, tu reviendras, dans cet appart retrouver le complice de ton mariage que j’étais ? Alors, en plastique ou non, ces fleurs sont des fleurs …
Natalia. (Elle rit). Je les connais ces fleurs, c’est moi qui les ai achetées…
Pierre. Fais comme si comme si pour une fois, j’étais capable de t’épater…
Natalia ricane…
Pierre. C’est vrai que détourner des pierres précieuses qui ne m’appartenaient pas, n’est pas très glorieux, mais nos sentiments, eux, ils ont toujours été authentiques.
Natalia. Authentiques pour qui, moi ou Perrine ?
Pierre. J’ai un esprit scientifique… J’ai toujours cherché à savoir ce qui se cachait sous les jupes des autres filles. Avec Perrine, je ne voulais pas te tromper…
Natalia. (Indignée). Toutes les femmes sont identiques !
Pierre. Moi, tant que je ne les aurais pas toutes examinées, j’aurai un doute …
Natalia. (Elle se prend la tête). Pauvre garçon !
Pierre. Toi, je t’aimais… les autres, ce n’était que de la curiosité… C’est toi que j’aime…
Natalia. Lorsque tu as inventé cette histoire de révolte contre le système, en prétendant t’inspirer de Tony Muzulin, j’ai failli te croire ? Un instant, j’ai cru que tu … étais sincère et probablement altruiste, quoi !
Pierre. Les rêves existent pour que nous réalisions nos désirs impossibles. Que certains rêvent d'être des Zorro ou des Robin des Bois. Cela prouve que l’injustice est partout !
Natalia. C’est le rêve des faibles… de ceux qui refusent de travailler plus.
Pierre. Ce mois encore, en France, nous avons plus de chômeurs, les retraités percevront moins de pensions, les prestations vont diminuer, la Bourse progresse, les dividendes versés aux actionnaires aussi, on ne se contente plus de s’en prendre plus aux entreprises, on spécule même sur la solvabilité des pays…
Natalia. Ce que je veux, c’est vivre en paix. La vie, rien que la vie !
Pierre. Les règles du jeu, les règles financières, nous ne les avions pas choisies, elles nous ont été imposées tout au long de notre existence par le système.
Natalia. Belles phrases ça !
Pierre. Non ! Soyons lucides ! Parce que le système capitaliste est en danger, on va prendre plus à ceux qui ont déjà peu, pour le remettre en état, et lorsqu’il s’agira à nouveau de partager, ce sont encore les nantis, les riches qui recevront les dividendes…pas les retraités, pas les chômeurs, pas les personnes âgées, pas les handicapés, pas les SDF, les mal-nourris, les mal logés . . .
Natalia. Je ne suis pas venue pour disserter sur les systèmes sociaux ou sur la retraite… (Elle soulève son sac et Pierre se précipite pour l’aider).
Pierre. La seule règle que j’ai toujours acceptée, c’est la règle de l’amour… Il y a plus de trente ans, lorsque je t’ai vue, avec ton sourire si … si révélateur…
TEXTE DEPOSE - CLAUDE COGNARD MEMBRE DE LA SACD. SOFIA - SOCIETAIRE SGDL.
Ce texte a fait l'objet d'un deuxième dépôt.